21.02.2022

« Des risques à accepter »

Le BNGRC est en première ligne quand les sinistres surviennent. La mission est loin d’être aisée.

Le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) est en première ligne quand les sinistres surviennent. La mission est loin d’être aisée.

Comment a-t-on traversé ces épisodes climatiques ?

Paolo Raholinarivo Solonavalona (P.R.S.) : La plaie du passage de la tempête Ana est encore vive. L’évaluation des dégâts matériels doit encore être effectuée mais 130 000 personnes ont été impactées de près ou de loin par les intempéries dans toute l’île, dont 114 000 à Antananarivo. Nous avons dû mettre en place 90 sites d’hébergement qui ont été libérés au fur et à mesure. Rappelons qu’Ana a été une tempête tropicale, un cyclone occasionne des effets de l’eau et des vents très importants, comme les éboulements, les rafales de vent et le risque d’inondation.

Pourquoi la violence des inondations provoquées par Ana a-t-elle pris tout le monde de court ?

P.R.S. : C’est le pire des scénarios. Le plan de contingence classifie en trois catégories selon le nombre de personnes impactées. La première se situe à 50 000 personnes, la seconde 90 000 et la troisième se situe aux alentours de 140 000 personnes impactées. Le passage d’Ana est marqué par la rapidité des crues.

Quand il a été confronté à la réalité, le plan de contingence a-t-il été efficace ?

P.R.S. : Notre plan de contingence est adapté mais nous avons dû mobiliser d’autres moyens à travers la déclaration d’état de sinistre. Dans le cas du passage d’un cyclone, il faudrait éviter d’employer des tentes pour héberger les personnes sinistrées. Nous devons mobiliser de sites d’hébergement de type bâtiments, ce qui nous oblige à anticiper la fermeture des écoles par exemple.

Justement, comment éviter les cacophonies entre les institutions, pour éviter, par exemple, que la fermeture des écoles ne tarde trop si des sinistres surviennent.

P.R.S. : Effectivement, il est prévu que l’ensemble des décisions soit coordonné, mais les changements institutionnels ont quelque peu chamboulé le processus. Chaque ministère doit désigner un point focal, mais les changements successifs ont porté atteinte à la fluidité des transmissions d’informations. Il devrait y avoir des constances dans ces domaines sensibles. Tous les secteurs sont représentés dans la coordination de la gestion des risques et des catastrophes : le ministère de l’Éducation nationale, le ministère des Travaux publics, le ministère de la Santé publique… Mais nous sensibilisons déjà les acteurs au niveau régional. Le comité régional de gestion des risques et des catastrophes est dirigé par les gouverneurs et les préfets. Chaque fokontany dispose en théorie d’un comité local de secours, dirigé par les chefs fokontany. Si cette structure est respectée, nous ne devrions pas avoir trop de problèmes dans la gestion des sinistres et dans la coordination en général. Nous mobilisons également le Comité de réflexion des intervenants en catastrophes (Cric) qui regroupe tous les secteurs, les partenaires techniques et financiers ainsi que les organisations de la société civile. Mais il est essentiel avant tout que les citoyens s’informent régulièrement durant les épisodes de sinistre et suivent à la lettre les instructions des responsables. C’est la base de tout.

Regrettez-vous que les citoyens, notamment les habitants des zones vulnérables de la capitale et de ses environs, ne se soient pas suffisamment informés ?

P.R.S. : Certains n’ont pas écouté quand le Bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC) avait fortement recommandé aux habitants d’Ampamarinana de quitter leurs zones d’habitation ou encore d’abandonner les habitations des berges de l’Ikopa. On aurait pu épargner des vies ou réduire le nombre de personnes impactées. Cependant, les problèmes relatifs aux coupures d’électricité ont empêché des citoyens d’avoir accès aux informations. Tout le monde n’est pas présent sur les réseaux sociaux également, d’où l’importance du système d’alerte précoce publié par le service météorologique et par l’Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo (Apipa), pour le cas du grand Antananarivo.

La question des moyens est bien souvent mise sur la table. Le BNGRC a-t-il suffisamment de ressources pour affronter les catastrophes ?

P.R.S. : Il m’est difficile de dire que les moyens sont suffisants, tant une catastrophe peut revêtir plusieurs formes. Dans la situation de Madagascar, avec le passage de la tempête Ana, le fonds de contingence pour les réponses d’urgence, financé à hauteur de près de 50 millions de dollars par la Banque mondiale, devrait être déclenché. Mais le processus nécessite des procédures claires et des conditions strictes. Il est urgent qu’un couloir humanitaire soit ouvert. Aujourd’hui, nos frontières sont encore, pour la plupart, fermées. Ce qui a posé un obstacle pour les aides internationales, malgré l’appel à solidarité internationale lancé par le ministère des Affaires étrangères (MAE).

Avec le changement climatique qui apporte son lot d’évènements climatiques de plus en plus intenses. Sommes-nous prêts à les affronter ?

P.R.S. : Auparavant, nous ne nous sommes contentés que de réponses humanitaires systématiquement. Nous avons changé de mode d’approche par le biais d’un cycle complet, se basant sur trois étapes : avant, pendant et après. Nous sommes déjà dans une phase d’adaptation et de réduction des risques. Il y a des risques que nous pouvons éviter ou réduire. Mais certains, comme les catastrophes naturelles, doivent être acceptés. Dans ce sens, le stock de prépositionnement est essentiel. Lors de l’épisode Ana, nous avons reçu beaucoup d’aides, de diverses institutions, associations ou organismes. L’État malgache a également procédé à l’achat de vivres et de produits non alimentaires pour alimenter ce stock.

L'opposition: Le grand vide.

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