21.02.2022

« L’inflation accompagne la reprise économique »

Le coût actuel de la vie pèse lourdement sur les ménages malgaches. Reponses de la part de Isaora Zefania Romalahy, directeur général de l’INSTAT.

Le coût actuel de la vie pèse lourdement sur les ménages malgaches. Isaora Zefania Romalahy, directeur général de l’Institut national de la statistique (Instat), l’organisme qui établit des projections sur l’évolution de la situation, nous donne son avis.

Quelles sont principalement les causes de l’actuelle inflation ?

Isaora Zefania Romalahy (I.Z.R.) : Il faut savoir que l’inflation actuelle est encore maîtrisée. Elle était située entre 6,3% et 6,4% et a pu aller jusqu’à 7% à la fin de l’année. Les chiffres semblent moindres, car la majorité des prix des produits n’ont pas augmenté, d’où la résistance aux alentours de 7%. La vraie cause de cette inflation est la reprise économique. Il faudrait souligner que le taux d’inflation s’obtient à partir de la comparaison du niveau des prix de l’année courante avec celui de l’année précédente. L’année dernière, durant le confinement, la demande était en berne, alors que l’offre n’a pas changé. Ce qui a provoqué la baisse des prix des produits. En 2021, nous sommes face à une reprise économique. Nous ressentons qu’il y a une forte hausse du niveau des prix, mais en réalité, il s’agit juste d’un accompagnement de la reprise économique. 

Faisons-nous actuellement face à une inflation par la demande ?

I.Z.R. : Effectivement, nous sommes actuellement confrontés à une inflation par la demande. 

Certains économistes avancent qu’il s’agit d’une inflation dite « importée », étant donné que nous importons pratiquement tout ce dont nous avons besoin, alors qu’il y a une forte augmentation du fret maritime. Qu’en pensez-vous ?

I.Z.R. : Nous avons déjà essayé de chercher la source de l’inflation via le fret. Premièrement, les biens importés dont nous avons parlé tout à l’heure concernent toujours la demande. Donc, les hypothèses selon lesquelles il s’agirait d’une inflation par la demande et celles insinuant une inflation importée sont complémentaires. Il est toujours question de demandes. Si nous n’avons pas les produits demandés au niveau local, nous sommes dans l’obligation de les importer. En ce qui concerne le fret, il est vrai que les coûts ont augmenté. Mais quand ces derniers accroissent, cela ne se ressent pas dans le très court terme. La plupart du temps, les biens que nous consommons dans les trois à quatre mois ont été achetés depuis longtemps. Les frets maritimes n’ont augmenté que depuis peu. Ainsi, au niveau de l’Instat, nous ne commencerons à analyser les impacts de cette hausse qu’au cours de ce mois de janvier. Cela n’a pas d’effets immédiats.

Les associations de défense des droits des consommateurs exigent de l’État que celui-ci prenne des mesures immédiates face à cette situation, quelles seraient les options envisageables et viables ?

I.Z.R. : Premièrement, le coût du transport est l’élément clé qui fait augmenter les prix de façon généralisée. Les prix de tous les biens en dépendent. L’État a agi sur ce levier. Cependant, ces coûts sont actuellement bien maîtrisés vu que les prix à la pompe demeurent stables, et ce, depuis la dernière révision de juin 2019. Voilà l’une des plus grandes mesures. Les prix de tous les produits y sont tributaires. Le maintien du prix à la pompe à ce niveau est essentiel. Deuxièmement, diverses mesures fiscales ont été prises par l’État, telles que l’exonération sur les pâtes alimentaires et bien d’autres. Certes, ces mesures ne permettent pas réellement de faire baisser les prix, mais les stabilisent. Comme nous le disons en jargon économique : “l’élasticité des prix n’est jamais à la baisse”, mais au moins, grâce à cette action, ces prix n’augmenteront pas, ils resteront stables. L’Administration est également intervenue sur la demande en elle-même, à travers l’injection de produits tels que le riz. L’avantage de ces subventions ne se limite pas dans la stabilisation des prix, mais s’étend dans leur réduction. Néanmoins, l’État devrait être davantage strict à travers une réglementation sévère qui pourrait limiter les spéculations des grossistes. Ces derniers jouent beaucoup sur la loi de l’offre et de la demande. 

La tendance à la hausse du cours du baril au niveau mondial pourrait-elle à terme influencer les prix au niveau national ?

I.Z.R. : Le seul canal à travers lequel cela pourrait impacter l’économie au niveau national est le prix du carburant. Notons que sur ce point, l’État fait déjà son maximum pour le stabiliser. Aussi, les variations au niveau international pourraient impacter sur d’autres domaines, mais probablement pas sur la consommation. En abordant l’inflation et les indices des prix à la consommation, il n’y a pas de craintes à se faire. Les balises, c’est-à-dire les mesures prises par l’État pour stabiliser les prix du carburant, sont bien établies. 

Qu’en est-il des produits importés, presque tous les Produits de première nécessité (PPN) que nous consommons au niveau local étant importés ?

I.Z.R. : Par rapport aux produits importés, il y aura certainement un impact. Mais cela serait indirect. Les prix des produits importés varieront en fonction du cours du baril. Ainsi, avec la tendance à la hausse actuelle, les prix des produits que nous importons pourraient également enregistrer une hausse à la source. Voilà pourquoi je parle d’impacts indirects.

La projection de l’Instat selon laquelle nous aurions une courbe de l’inflation descendante d’ici 2023 est-elle toujours maintenue ?  

I.Z.R. : Oui, car théoriquement, c’est à court terme que l’inflation est expliquée par le coût des facteurs, de la demande, de l’équilibre sur le marché, etc. Mais à moyen et long terme, elle est toujours définie par la masse monétaire. Donc, il n’y a pas de raisons pour que nous n’atteignions pas un taux d’inflation inférieur à celui d’aujourd’hui d’ici 2023. À cette échéance, nous pourrons qualifier l’inflation de monétaire. La quantité de monnaie injectée par la Banque centrale définira ce niveau de l’inflation. À moins que celle-ci ne prenne des mesures particulières, cette prévision est toujours maintenue. 

Sur le long terme, y aurait-il des mesures que l’État pourrait prendre pour que l’économie n’ait plus à être victime de ces fluctuations au niveau mondial ?  

I.Z.R. : Sur le long terme, il n’y en a pas, à ce que je sache. La vision du pays sur le long terme n’est pas bien établie. Elle n’est pas écrite. Je suppose que vous savez pertinemment que tout le monde est actuellement dans l’attente du Plan émergence Madagascar (PEM). Notre plan de développement n’est pas structuré alors que nous ne pouvons pas parler du long terme sans références.

L'opposition: Le grand vide.

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