Repoblika : ho an’ny fanabeazana sy fahalalahana, un rendez-vous tant attendu
Il est 10h30, l’amphi de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques est plein comme un œuf. C’est là où se tenait une double conférence-débat autour du thème : le hip hop à la rescousse de la démocratie? Le premier débat se penche sur la liberté artistique, à la lumière du phénomène Repoblika. A titre de rappel, le label Kolotsaina mainty a sorti le titre Repoblika le 4 décembre 2023 au lendemain d’une élection présidentielle émaillée d’incidents. Cette sortie marque le retour d’un révolté, d’un rap conscient qui rappelle que les revendications et les engagements étaient à l’origine du mouvement. En moins de 10 minutes, tous les maux de la République ont été dénoncés : paupérisation, pillage des ressources, insécurité, corruption, impunité, injustice, atteintes à la liberté d'expression, infantilisation, néocolonialisme,... Le titre, au ton dénonciateur, évoque une République "cupide", "traître" et "machiavélique".
Les intervenants, notamment l’artiste Tahiry Ratsimba alias Tax du légendaire groupe Da Hopp, l’enseignant-chercheur en arts, lettres et sciences humaines, Andrianjaka Rakotomanana et Hailey Andriafanomezana, étudiante en droit et sciences politiques, ont tour à tour apporté des éclairages sur l’inextricable lien entre liberté artistique et liberté d’expression. Ils ont aussi décortiqué comment la liberté artistique peut venir à la rescousse de la liberté d’expression quand l’espace qui lui est dévolu se trouve rétréci. En corollaire de ce débat s’est imposé comme une évidence le débat sur l’utilité de l’artiste dans le débat démocratique.
Le second débat a voulu mettre en avant les valeurs éducatives du hip hop. Partage d’expériences de la part du rappeur Bolo qui a initié l’émission Clash infos diffusée sur la chaîne TV Plus et le rap devenu un médium pour faciliter l’acquisition de connaissances pour les élèves de la Terminale. Une démarche qui a eu du succès. De son côté, Mashmanjaka a mis en avant l’importance de la valorisation du hip hop et de son apport dans l’éducation et dans la participation citoyenne. La journaliste indépendante et artiste, Damy Govina, a, quant à elle, soulevé l’absence d’indicateurs pour mesurer l’impact de la culture hip hop en tant que vecteur de changement social.
Les échanges avec le public ont permis aux étudiants d’évoquer la nécessité de l’attachement à l’identité malgache dans un monde de plus en plus globalisé, notamment dans le rap, ou encore la valorisation du rap éducatif et éveilleur de conscience, au détriment du rap imité du modèle américain. La question de la médiation culturelle a été aussi abordée dans le cadre des débats sur la réception des œuvres artistiques. Les étudiants qui ont composé l’assistance sont majoritairement issus de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques et du Domaine Arts, Lettres et Sciences Humaines notamment du Département d’études françaises de la Médiation culturelle.
L’après-midi, une dizaine d’artistes issus du label Kolotsaina mainty ont animé la scène du parking de la FDSP. Un concert gratuit pour le grand bonheur des étudiants pour qui la culture hip hop fait partie de leur quotidien. De Geoscar à Eklyps, en passant par le rappeur-slammeur Epistolier ou encore le prolifique Mashmanjaka, sans oublier le tamatavien Saboodak, chaque titre a été repris en chœur. En face, une jeunesse débordante d’énergie qui vibre au son d’un rap de plus en plus engagé, poings en l’air ou brandissant les différents signes de la main propres aux rappeurs. Un rendez-vous qui confirme que le rap a une influence indéniable sur la jeunesse malgache.
L’événement entre dans le cadre de la convention de partenariat entre la Faculté de Droit et des Sciences Politiques et la Friedrich-Ebert-Stiftung Madagascar dont l’objet est la promotion de la démocratie en milieu universitaire.
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